Les Esprits Oubliés

Critique

“Si les contrecoups de la pandémie sur le milieu musical québécois se font encore sentir, notamment avec la récente vague d’annulation de tournées, la scène jazz connaît un début d’année particulièrement faste à en croire la profusion de sorties annoncées. Outre les lancements d’albums à venir de Julian Gutierrez, Rachel Therrien, Jacques Kuba Séguin, Elizabeth Shepherd, Emilie-Claire Barlow, Christine Tassan, Jean-Michel Pilc et Jacob Wutzke, le génial saxophoniste Rémi Bolduc dévoilait récemment Les Esprits Oubliés (2023), une superbe collaboration avec son homologue américain Jerry Bergonzi.

Une chimie palpable entre les deux complices

Lancé sans tambour ni trompette lors d’un concert le 3 décembre dernier, Les Esprits Oubliés (2023) est le onzième album de Rémi Bolduc et sa seconde collaboration avec le saxophoniste ténor Jerry Bergonzi avec qui il entretient une étroite relation personnelle et artistique. La chimie est d’ailleurs palpable entre les deux complices qui, tout en partageant un appétit certain pour l’innovation, demeurent fermement campés dans la tradition. La proposition musicale sobre en apparence se révèle être particulièrement riche, le jeu tout en finesse et bien ancré de Rémi Bolduc se mariant admirablement avec les envolées plus imprévisibles mais savamment dosées de Jerry Bergonzi.

Des compositions qui ne manquent pas de panache

L’album propose neuf compositions de Bolduc et une de Bergonzi, plusieurs d’entre elles ayant été écrites en période de confinement pandémique. La thématique se dessine d’ailleurs à travers des titres aussi évocateurs que Confinement Forcé, Liberté De Mouvement ou encore Au Jour Le Jour. Paradoxalement, Petite Marche, Not so Long Ago et In Love Like Someone suggèrent plutôt la joie de retrouvailles entre deux amis de longue date qui s’abandonnent en toute candeur à un élan créatif spontané. Accompagnés par Marie-Fatima Rudolf au piano, Ira Coleman à la basse et Jim Doxas à la batterie, les musiciens livrent une performance à la fois intense, parfaitement maîtrisée et d’une virtuosité à couper le souffle, au fil de compositions qui ne manquent pas de panache.” ~par Arnaud G. Veydarier